Utilisation de la PCM® dans le coaching en sport collectif

Utilisation de la PCM® dans le coaching en sport collectif

Match de Basket, il reste 12 secondes, l’entraîneur demande un temps mort pour donner ses dernières consignes avant la remise en jeu, les 2 équipes sont à égalité, Les 5 joueurs viennent s’asseoir sur le banc pour écouter la façon dont ils vont jouer ces dernières 12 secondes…

 

*Le coach décide de remplacer son joueur arrière (n°5) qui vient de faire une erreur stupide involontaire, caractéristique d’un type de personnalité « Empathique » sous stress. Le remplaçant (n°7) est de type « Travaillomane », il reçoit des informations précises quant à ce qu’il doit faire sur le terrain pendant la remise en jeu et juste après:

« En 1, tu fais un écran au poste bas, en 2 tu remontes porter un écran au 2è intérieur, en 3 tu bénéficies d’un écran dans l’axe du terrain, en 4 tu reçois la balle et tu la gardes pendant 8 secondes, en 5 tu pars en 1 contre 1 pour ressortir la balle sur l’extérieur dans le corner qui prendra le tir à 3 points ou à 2 points»

 

*Le coach se tourne vers son meneur et capitaine (n°4), de type « Persévérant », il lui demande son avis sur son choix stratégique pour cette fin de match :

« Quel est ton avis si on choisit l’option du tir à 2 ou 3 points de Patrick dans le corner ? » Celui-ci répond favorablement « C’est ce qu’il faut faire, j’ai confiance en lui ! »

 

*L’entraineur laisse son intérieur (n°14) un type de personnalité « Rêveur » imaginer seul le schéma de jeu de l’équipe. Il lui parle calmement, puis le laisse volontairement en retrait pour qu’il réfléchisse seul à ce qui va se passer pendant ces 12 secondes tout en lui faisant signe de regarder attentivement ce qui est écrit sur sa tablette, support sur lequel il explique aux joueurs les différents déplacements demandés.

 

*Il se tourne vers son autre intérieur (n°12), de type « Promoteur », sur un ton directif, il lui annonce qu’il va effectuer la remise en jeu :

« Passe ici ou ici (dessin sur la plaquette), et ensuite fonce en bas de la raquette, sur le tir s’il est raté je te défie de prendre le rebond et de claquer un dunk sur la tête de ton défenseur ! »

 

*Il termine ses consignes avec son extérieur (n°9), celui qui va prendre le tir de la gagne, un type « Rebelle » :

« Génial, le dernier tir et bien ouah, c’est toi la surprise du match, c’est toi qui va prendre le dernier tir. T’as envie ? »
« Bien évidemment que j’ai envie, j’adore ça ! » répond le joueur.
« En fonction de la défense tu réagis, tu dégaines à 3 points si tu le sens ou alors tu fais ton départ de « ouf » et tu allumes à 2 points. Amuse-toi, éclate-toi ! »

 

Fin du temps mort, les équipes rejoignent le terrain pour jouer et gagner la fin de match !

 

Pourquoi ce langage différencié ? Qu’est-ce qui peut expliquer que ce coach de basket varie son mode de communication en fonction de ses joueurs ?

 

Cet entraineur coache son équipe ou plus exactement ses joueurs en utilisant le Process Communication Modèle® (PCM), une méthode pragmatique de communication développé dans les années 80 par Taibi KAHLER, docteur en psychologie. Il s’agit d’un modèle de compréhension de la personnalité destiné à améliorer la connaissance de soi et de l’autre, la communication, le management, le coaching, et l’accompagnement, qui est l’expression d’un mode opératoire où le processus est vu comme déterminant dans l’efficacité et le confort de toute relation (Patrice Dubourg).

 

L’originalité de ce modèle consiste à transmettre le contenu (ce que l’on dit) en prenant en compte le processus préféré de son interlocuteur (la façon de communiquer qui lui convient le mieux).

 

La PCM® permet à cet entraineur de connaître sa façon naturelle (optimale) de communiquer, d’identifier le style préférentiel de ses joueurs et d’utiliser le canal de communication et la perception (le vocabulaire) facilitant la compréhension de son message et favorisant sa mise en action.

 

Dans son modèle, Taibi Kahler, décrit 6 types de personnalité : Empathique, Travaillomane, Persévérant, Rêveur, Promoteur et Rebelle ; nous les possédons tous dans une combinaison qui nous est propre. Chacun de ces types est caractérisé par une spécificité autour de 10 composantes techniques, dont voici les principales :

 

Chacun de nous est un mix des 6 types de personnalité, représenté sous la forme d’un « immeuble » de personnalité. Un Inventaire de personnalité Process Communication ® vous décrira votre profil de personnalité (Les inventaires de personnalité sont accessibles uniquement aux formateurs et aux coachs certifiés par Kahler Communication France, distributeur exclusif de la PCM en Europe)

 

A partir des 6 types de personnalité (et des 720 combinaisons possibles d’immeuble de personnalité), et à partir des 10 composantes décrits dans l’inventaire de personnalité, essayons de décrypter le processus et le contenu de chaque communication du coach avec ses joueurs.

 

Le n°5
La sortie de ce joueur s’explique par le fait qu’un type Empathique sous stress de 2è degré peut faire des erreurs stupides involontaires ; le coach perçoit ainsi que son joueur est sous stress, il préfère le faire sortir avec bienveillance pour éviter toute perte de balle sur les 12 dernières secondes.

 

Le n°7
Un type Travaillomane a besoin d’informations, de précisions, de détails, il éprouve le besoin d’examiner la situation selon un modèle cognitif, il veut comprendre avant d’agir. Ainsi son coach le prend personnellement à part et malgré le peu de temps dont il dispose (50 secondes dans un temps mort) il lui consacre du temps pour bien lui clarifier et structurer ce qui va se passer.

 

Le n°4
Face à son capitaine, Persévérant de Base, le coach choisit de pratiquer un management démocratique en lui demandant son avis, son opinion, ce qu’il pense de la situation de fin de match en fonction de ce qu’il voit, lui en tant qu’acteur sur le terrain. Ce dialogue va permettre de nourrir son besoin psychologique (la reconnaissance de ses opinions) ainsi il va s’engager à appliquer le choix stratégique avec dévouement et engagement et donc contribuer pleinement à la réussite du plan de jeu.

 

Le n°14
Pour ne pas bousculer ce type Rêveur dans cette fin de match très serrée, il lui laisse le temps de nourrir son besoin de solitude, sa perception « d’imagin’action » seul dans son coin, il lui donne ce temps de réflexion « interne » de façon à ce qu’il se prépare au mieux pour les dernières secondes, tout en visualisant le plan de jeu sur la plaquette. Ainsi il voit ce qu’il faut faire et il le laisse imaginer l’action future.

 

le n°12
Avec son joueur de type Promoteur, le coach se montre ferme et direct, il utilise un canal directif, il lui donne un ordre tout en l’incitant à l’action « tu fonces » (pas de détail comme avec le n°7, le type Travaillomane) et en même temps pour le motiver, il fait appel à son goût du défi, du challenge « le challenge pour toi, après le rebond c’est de claquer à ton défenseur un dunk sur la tête pour gagner le match! ».

 

Le n°9
Pour le joueur de la fin de match, celui qui va prendre la lourde responsabilité de tirer, il choisit le joueur de type Rebelle. Il utilise un canal de communication « ludique /émotif » : « Génial, …… bien ouah, c’est toi, c’est toi la surprise du match,… de « ouf »….. Amuse-toi, éclate-toi ! », tout en faisant référence à sa Perception « Réaction » : « En fonction de la défense tu réagis, tu dégaines à 3 points si tu le sens ou alors tu fais ton départ de « ouf » et tu allumes à 2 points! » . Après avoir utilisé son langage de type Rebelle, il vérifie s’il est d’accord et il lui présente la situation sous la forme ludique.

 

Ces différents modes de communication quant à la forme et quant au contenu permettent à l’entraineur, dans un moment très délicat, de faire passer avec précision son message en fonction du cadre de référence de chacun et aussi de remobiliser ses joueurs au maximum afin d’optimiser leur ressources pour être le plus efficient possible dans les 12 dernières secondes.

 

Mais comme tout outil, la PCM® n’a de valeur que ce que l’on veut bien lui donner. Certains seront réticents à essayer d’enfermer la complexité humaine dans des catégories (aussi nombreuses soient-elles, 720 combinisons, voire 4320 en intégrant le concept de Phase), d’autres, sachant que nous ne pouvons pas ne pas communiquer (Watzlawick et l’Ecole de Palo Alto), préféreront utiliser ce mode de communication afin de mieux comprendre le monde de l’autre, son propre monde et ainsi le monde en général.

 

Philippe Renaud, Coach en cours de certification Process Communication Coaching®, membre du RS2P, le 14/4/2011
Article écrit sous la supervision de Pascal Legrand, Master Trainer PCM.

 

Bibliographie :

 

Philippe Renaud